Le siècle peut montrer un vieillard... ô blasphème! Fraîchement décoré!!! Décoré! c'est passer les bornes de l' insulte. Décorer un vieillard! Un homme infirme encore! C 'est digne d'un pouvoir qui garde pour tout culte Le culte du Veau d'or. N ' as-tu donc tant vécu que pour cette avanie? La croix, ô Montlosier, la croix! affreux malheur! C 'est un lourd cauchemar qui, dans ton insomnie, Pèsera sur ton cœur! A quoi donc t'ont servi les nombreuses pituites Et l' honneur amassés depuis quatre-vingts ans? Et tes anciens combats contre les noirs jésuites, Et tes patois récents? Quand des petits journaux la lanière te blesse, Le pouvoir, te laissant dans un triste abandon, Tare grotesquement ta robe de vieillesse De son rouge cordon. C'est montrer peu d' égards pour ta noble perruque. Le régime qu'on voit, de ton âge envieux, Traiter si lestement ta poitrine caduque, Ne sera jamais vieux. Toi qui portes si bien le poids de ton grand âge, Puisse-tu, retrouvant ta primitive ardeur, Avec la même force et le même courage Porter ta croix d' honneur!
| Accueil | Auteurs | Dessins | A partir d'un mot | Tirage au sort | Po�mes d��l�ves | R�citations | [Trier par titres] [Trier par Auteurs] Toujours et Jamais Toujours et Jamais �taient toujours ensemble ne se quittaient jamais. On les rencontrait dans toutes les foires. On les voyait le soir traverser le village sur un tandem. Toujours guidait Jamais p�dalait C'est du moins ce qu'on supposait... Ils avaient tous les deux une jolie casquette L'une �tait noire � carreaux blancs L'autre blanche � carreaux noirs A cela on' aurait pu les reconna�tre Mais ils passaient toujours le soir et avec la vitesse... Certains d'ailleurs les soup�onnaient Non sans raison peut-�tre D'�changer certains soirs leur casquette Une autre particularit� Aurait d� les distinguer L'un disait toujours bonjour L'autre toujours bonsoir Mais on ne sut jamais Si c'�tait Toujours qui disait bonjour Ou Jamais qui disait bonsoir Car entre eux ils s'appelaient toujours Monsieur Albert Monsieur Octave. Paul VINCENSINI Illustration de Manon K. (2009-2010) Autres dessins de 2009-2010 ou de Manon K. La Cyberclasse Ecole de Saint-Paul-de-Varces
De quel œil verront-ils, du fond des mers sans borne, À la place où jadis s' étalaient tes splendeurs, Émerger brusquement dans leur nudité morne, Des continents nouveaux sans verdure et sans fleurs? Ah! si l' attraction à la céleste voûte Par de fermes liens ne les attachait pas, Ils tomberaient du ciel ou changeraient de route, Plutôt que d' éclairer un pareil ici-bas. Nous que rien ne retient, nous, artistes qu' enivre L' Idéal qu' ardemment poursuit notre désir, Du moins nous n' aurons point la douleur de survivre Au monde où nous avions espéré le saisir. Nous serons les premiers que les vents et que l'onde Emporteront brisés en balayant nos bords. Dans les gouffres ouverts d'une mer furibonde, N' ayant pu les sauver, nous suivrons nos trésors. Après tout, quand viendra l' heure horrible et fatale, En plein déchaînement d' aveugles appétits, Sous ces flots gros de haine et de rage brutale, Les moins à plaindre encore seront les engloutis. Le déluge Poèmes de Louise Ackermann Citations de Louise Ackermann
À VICTOR HUGO Tu l'as dit: C'en est fait; ni fuite ni refuge Devant l' assaut prochain et furibond des flots. Ils avancent toujours. C'est sur ce mot, Déluge, Poète de malheur, que ton livre s'est clos. Mais comment osa-t-il échapper à ta bouche? Ah! pour le prononcer, même au dernier moment, Il fallait ton audace et ton ardeur farouche, Tant il est plein d' horreur et d' épouvantement. Vous êtes avertis: c'est une fin de monde Que ces flux, ces rumeurs, ces agitations. Nous n'en sommes encore qu'aux menaces de l'onde, À demain les fureurs et les destructions. Déjà depuis longtemps, saisis de terreurs vagues, Nous regardions la mer qui soulevait son sein, Et nous nous demandions: « Que veulent donc ces vagues? On dirait qu' elles ont quelque horrible dessein. » Tu viens de le trahir ce secret lamentable; Grâce à toi, nous savons à quoi nous en tenir. Oui, le Déluge est là, terrible, inévitable; Ce n'est pas l' appeler que de le voir venir.
J'ai aussi beaucoup fouillé dans la grande bibliothèque de mes parents. Le tout premier livre que j'ai vraiment lu dans son entier, que j'ai dévoré même est Le livre Ouvert de Paul Éluard. C'est un recueil de poème que j'ai trouvé au fond d'un carton dans une bouquinerie à Marseille, un été. Le papier était jauni, il avait l'odeur des vieux livres assommés par le temps mais il n'a pourtant pas pris une seule ride. Et il est toujours dans ma bibliothèque ici à Paris. Si vous n'avez jamais lu de poésie, les poèmes de Paul Éluard sont très faciles à lire et très abordables et nous transportent d'un vers à l'autre tout doucement. Quand j'ai commencé à lire ce livre, à en apprendre les poèmes, à les mettre en musique je sentais quelque chose de nouveau. Une sorte d'apaisement que j'avais eu beaucoup de mal à ressentir jusque là. Il m'a fallu des mois pour comprendre que me plonger dans la lecture et l'apprentissage de poèmes me soulageait de beaucoup de choses ou plus franchement, me permettait de m'échapper d'un peu tout ce qui m'étouffait.
Je suis là, seule.